Oui, la valeur de cet objet traditionnel ne concerne plus son rôle ou sa beauté, mais du sens que lui donne son propriétaire qui dit :
« c’est un des héritages de mon père que je garde après sa mort. C’est un grand souvenir pour moi. »
Que l’âme du père de ce jeune que j’ai rencontré dans la Région de Mopti repose en paix. Dans cette famille, à côté des belles maisons traditionnelles qu’occupent le jeune et ses deux femmes, se trouvent une très vieille maison qui a suscité ma curiosité. La causerie sur l’importance des traditions et de la culture dans ce monde moderne pour un jeune rural nous a conduits jusque dans la vieille maison vide il y a des années.
Avec fierté et insistance, le jeune homme m’a expliqué ce qu’est cet objet suspendu et pourquoi il le garde.
L’objet suspendu est appelé Jakumajuru en bambara (la corde du chat). Il sert à garder les objets contre les chats dans la maison comme le lait, le poisson grillé (les condiments de la semaine gardés) par les vieilles. Les vieux utilisent également cet objet pour garder certains objets d’homme.
« Je garde cette maison et cet objet comme héritages et souvenir mon père, comme souvenir pour l’esprit de mon défunt père et dans les jours à venir, je les montre à ses petits enfants qui sont mes enfant »,
explique le jeune avant d’ajouter :
« je ne garde pas cette maison et cet objet parce qu’ils sont beaux, mais parce qu’ils jouent un rôle important dans ma vie. Ils sont des repères pour moi et quand je les laisse disparaître, je ne pourrais plus rien montrer pour dire que mon père a vécu ici. C’est ça, leurs valeurs et à cause de ces valeurs là, j’aime cette maison plus que ces nouvelles maisons que tu vois à côté ! »
Oui, le jeune était motivé dans ses explications parce qu’il voyait sur les yeux de son interlocuteur, un grand intérêt accordé à ce qu’il dit. Oui, j’accordais de l’importance à ce qu’il dit et cal non seulement parce que ces propos m’intéressaient, mais également parce que c’est qui se doit. Quand quelqu’un te parle, il faut le considérer, il faut l’écouter attentivement, il faut lui monter que tu donnes une place dans ton esprit à chaque phrase qu’il prononce, même si cela a aussi tendance à disparaître aujourd’hui une fois qu’on sent que ce que l’autre dit ne nous apporte pas beaucoup financièrement dans ce monde de matériels ! ET surtout que qu’il disait m’apportait beaucoup. Le jeune continue son récit en ajoutant :
« Mon amour familial prend en grande partie son origine dans cette maison parce que c’est là que j’ai fais mon enfance, c’est dans cette maison que je me rappelle de ma petite enfance, de la place de mes habits, de mes chaussures, de mes jouets et c’est tout cela qui rattache un Homme à sa famille, à son village… Mais, je ne retrouve aucun de ces sentiments dans ces nouvelles maisons que j’ai construites moi-même. »
Ça a été une très belle causerie engagée où le temps, ennemis des bons moments est venu mettre fin à tous ces récits au crépuscule, le moment qui devait coûte que coûte me trouver chez mon tuteur selon les traditions que j’ai aussi respectées.